Quantcast
Channel: Trop Libre - Une voix libérale, progressiste et européenne » innover
Viewing all articles
Browse latest Browse all 3

Innover au Metropolitan Opera

$
0
0

3484670835_de232250c4_zComment gérer une institution lyrique de premier ordre ?

Le cas du Metropolitan Opera

Par @ClementTaillia,

Institution du monde musical connue de tous les mélomanes, le Metropolitan Opera, en termes de prestige, est imbattable. Mais un manque d’innovation pourrait lui être dommageable.

Le Metropolitan Opera de New-York n’appartient pas qu’aux new-yorkais. Cette salle mythique n’est pas seulement l’un des seuls temples de l’art lyrique à pouvoir abriter une jauge de 3800 spectateurs, elle est également une institution connue de chaque mélomane : une institution chez qui les plus grands chanteurs de toutes les époques (hier, et dans les anciens locaux, Caruso, Kirsten Flagstad ou Maria Callas, puis Pavarotti, Domingo, Joan Sutherland, et plus récemment Anna Netrebko, Renée Fleming ou Jonas Kaufmann) se sont sentis chez eux, au sein de laquelle le grand répertoire a trouvé, de longue date, des interprètes prestigieux et un public conquis, et qui a su, plus récemment, diffuser ses productions dans les salles de cinéma du monde entier. Bref, le Metropolitan Opera est l’opéra de tout le monde.

Budget fastueux, tickets onéreux…

Si bien que le Metropolitan Opera a failli devenir, il y a quelques semaines, l’opéra de personne. Supérieur à 300 millions de dollars en 2013, le budget du « Met » est, en effet, plus élevé que celui de n’importe quelle autre grande maison d’opéra dans le monde. Or, le « Met » n’est pas subventionné, ni par la ville, ni par l’Etat de New-York, ni bien entendu par des dépenses fédérales. Donc le « Met » est cher : un fauteuil de première catégorie pour une première prestigieuse peut facilement excéder les 300 dollars. C’est beaucoup, même pour des mélomanes fortunés : au cours des dernières années, ni le luxe des distributions ni la grande accessibilité du répertoire proposé (beaucoup de chefs-d’œuvre romantiques, peu de musique composée après les premières décennies du XXème siècle) n’ont su enrayer une diminution de la fréquentation, qui a même conduit le directeur de la maison, Peter Gelb, à s’interroger sur la faisabilité d’une baisse de 10% du prix des places, avant qu’il s’aperçoive que mener totalement ce projet reviendrait à obérer plus avant des finances déjà difficultueuses.

Une médiation temporaire

Sus donc aux frais de fonctionnement : si les cachets des grandes stars de l’opéra, fixés par des conventions signées entre les principales institutions lyriques, ne sont pas vraiment réductibles, ce sont les revenus et avantages des salariés qui, représentant 50% du budget de la maison, ont fait l’objet d’une attention toute particulière. Ceux des musiciens de l’orchestre et du chœur, notamment, qui sont, il est vrai, très confortablement payés : avec un salaire 200 000 dollars par an et 85 000 dollars de couverture maladie, un instrumentiste dans la fosse du Metropolitan Opera n’a, finalement, pas grand-chose à envier au ténor qui pousse le contre-ut quelques mètres au-dessus de lui. Au début de l’été, la baisse de 17% proposée par Peter Gelb a fait l’effet d’une bombe : critique des choix stratégiques du directeur, colère des syndicats et, à la clef, menaces de perturbations sur la nouvelle saison. Le suspense a duré jusqu’à la fin du mois d’août où une médiatrice fédérale, Allison Beck, a réussi à obtenir un compromis dont les modalités sont restées secrètes, mais qui a nécessité, assure-t-elle, des efforts de part et d’autre.

Temporiser ou innover ?

Si la rentrée lyrique du Met, le 22 septembre prochain, n’est plus menacée, le modèle de la maison devra bel et bien, à terme, être revu : assurer une forte fréquentation de la salle, quitte à se complaire dans une programmation conventionnelle, ou innover pour attirer d’autres publics ? Avec, dans une main, un répertoire des plus classiques, et dans l’autre, la force de frappe formidable que constitue la diffusion cinématographique des spectacles, le Met est au milieu du gué. Il lui faudra choisir.

Credit photo : Niall Kennedy


Viewing all articles
Browse latest Browse all 3

Latest Images

Trending Articles





Latest Images